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Les Bretons de Paris, une histoire capitale

Des milliers de Bretons sont montés à Paris pour se faire une petite place au soleil.
Didier Violain leur rend un juste hommage.

Il sait de quoi il parle. En 1980, Didier Violain s'est installé à la sortie de Nantes, sur le bord de la route,guettant l'automobiliste qui voudrait bien s'arrêter. C'est en stop qu'il a rejoint Paris pour exercer son métier de cuisinier. Et puis, au hasard d'une rencontre à Ivry-sur-Seine, dans la banlieue sud, il écoute les souvenirs d'un Breton, monté à Paris dans les années cinquante. « Son histoire était un peu la mienne », se souvient l'auteur.
Elle lui donne les premières lignes d'un livre, richement illustré, qui raconte l'histoire de ces hommes et de ces femmes qui ont quitté la misère des campagnes, espérant une vie un peu meilleure. Pourtant, Paris et sa banlieue, ce n'est pas franchement l'Eldorado. Les Bretons qui débarquent n'ont que leurs bras, et pas beaucoup d'années d'études derrière eux. Qu'importe, ils sont travailleurs. Au fil des ans, des réseaux se tissent pour faciliter une embauche, comme à la RATP.

Des pardons et une duchesse

Les premiers arrivés ne rechignent jamais à donner un coup de main à ceux qui suivent. Une véritable société bretonne se met en place. Elle est faite d'entraide, de solidarité, comme avec la fameuse Mission bretonne, et de fêtes pour préserver les traditions. Elle a ses lieux de rendez-vous. Ce sont des restaurants ou des cafés emblématiques qui portent haut les couleurs bretonnes, comme chez Ti-Jos ou à la Ville de Guingamp.

D'une décennie à l'autre, les Bretons de Paris prennent de l'assurance. Ils n'hésitent plus à afficher leur culture. « Les années 1960 sont les années fastes », souligne Didier Violain. Le pardon de Saint-Denis draine une foule immense. Pour celui de Saint-Yves, la duchesse des Bretons de Paris fait une entrée majestueuse, à cheval, dans les arènes de la capitale. Entre-temps, les Bretons si modestes et humbles des premières années d'exil ont fait leur trou.
Comme Raymond Kervazo, gardien de vaches près de Pontivy. Il fait le grand voyage et devient coiffeur. La réussite est au rendez-vous. Il est devenu quelqu'un.

Didier Gourin.

article paru dans Ouest-France le 19 novembre 2009

Bretons de Paris. Des exilés en capitale, de Didier Violain aux éditions les Beaux jours
(159 pages, 25 €). Avec de très nombreuses photographies.

On notera que" Ouest-France" illustre son article avec une photo de notre amicale, que l'on retrouve à l'accueil de notre site.